La destruction par Greenpeace d'un essai de blé OGM : un acte plus politique qu'idéologique ?
Dans les premières heures du jeudi matin, Greenpeace a détruit une parcelle d'essai de blé OGM dans un quartier du nord de Canberra, suscitant une vague d'indignation parmi les scientifiques. Cette destruction a été qualifiée de « vandalisme sans esprit » par l'Académie australienne des sciences, et a été vivement critiquée sur Twitter, comparée même à l'antiscience de Chris Monckton.
Les Débats Autour des Cultures OGM
L'opposition aux cultures génétiquement modifiées (OGM) varie de la dénégation totale à la critique mesurée des processus de test et de régulation. Greenpeace se distingue par ses préoccupations concernant les tests, l'approbation et l'étiquetage des produits OGM. L'organisation a attiré l'attention sur le fait que les parents australiens pourraient nourrir leurs enfants avec des produits à base de soja OGM sans étiquetage adéquat, suite à un accord entre le gouvernement Howard et le lobby agroalimentaire.
Contamination : Le Risque Économique
Le cœur du conflit réside dans la possibilité de contamination des cultures de blé australien par les essais de blé OGM. Greenpeace craint que les essais de blé OGM, actuellement en cours ou prévus à travers l'Australie, puissent entraîner une contamination des cultures de blé non OGM. Cette inquiétude est renforcée par l'exemple du soja OGM, où la contamination est devenue une partie du cadre réglementaire pour certains aliments.
Les Réponses et Critiques
Les critiques de Greenpeace, comme la présidente de l'Académie des Sciences, le professeur Suzanne Cory, soutiennent que les essais sont approuvés sous des conditions strictes de confinement. Greenpeace rétorque que 13 des 29 incidents de contamination enregistrés en Australie ont eu lieu lors d'essais approuvés par l'OGTR (Office of the Gene Technology Regulator) et que le CSIRO a commis 17 infractions aux conditions de l'OGTR ces dernières années.
Le Risque pour l'Exportation
Le problème majeur de la contamination par le blé OGM est qu'il pourrait nuire aux exportations de blé australien vers des marchés clés qui rejettent ou exigent un étiquetage strict des OGM, tels que le Japon, l'Europe et la Corée du Sud. L'Australie est le seul des cinq plus grands exportateurs de blé à poursuivre des essais de blé OGM. D'autres pays, comme les États-Unis et le Canada, ont abandonné ou suspendu leurs projets de blé OGM après des réactions négatives de leurs agriculteurs.
Les Intérêts en Jeu
Un obstacle important aux essais de blé OGM en Australie était AWB, qui était réticente à soutenir toute menace potentielle pour le marketing du blé. L'acquisition d'AWB par le géant canadien Agrium en 2010, et la vente de son activité de gestion des grains à Cargill, ont éliminé son opposition au blé OGM. Greenpeace se demande également pourquoi les essais de blé OGM ont été approuvés par le CSIRO alors que Doug Rathbone et John Stocker, de Nufarm, le distributeur de Monsanto en Australie, étaient membres du conseil d'administration du CSIRO.
Les Réactions des Agriculteurs
Le groupe d'agriculteurs anti-OGM, le Network of Concerned Farmers, reste opposé aux essais de blé OGM, arguant que la contamination par le colza OGM reflète l'incapacité de l'industrie OGM à prévenir la contamination. Ils ont exprimé leur soutien à la position de l'Union nationale des agriculteurs canadiens contre les essais de blé OGM.
Conclusion : Un Conflit Politique et Économique
Les défenseurs des OGM affirment que les consommateurs mondiaux adoucissent leur opposition aux aliments OGM et que le blé OGM sera finalement accepté sur les marchés d'exportation. Greenpeace et les agriculteurs anti-OGM restent sceptiques, convaincus que les coûts de la contamination, basés sur les expériences passées avec d'autres cultures OGM, seraient trop importants. L'opposition au blé OGM est donc davantage motivée par des expériences amères passées que par une scepticisme scientifique.
Source: ICI