30) Héritage du roi Mr. Nice seed + Cbd crew

Message de Shantibaba

Howard Marks était un véritable gentleman, doté d'une intelligence naturelle et d'une manière unique de s'exprimer. Je ne me lassais jamais de l'écouter discuter de n'importe quel sujet... Il était une véritable mine d'informations, mais pas celles que l'on trouve partout.

Quoi qu'il en soit, je souhaite partager mon dernier texte sur Howard, que j'ai organisé sous forme de chronologie de ma connaissance de Howard Marks. C'est une réflexion personnelle et mon avis sur le temps que j'ai passé avec lui. Bonne lecture...

Travailler avec quelqu'un de plus qu'un ami, un véritable gentleman... merci Howard Marks !

Si l'on réfléchit vraiment aux probabilités et aux combinaisons liées à la vie, à la mort et à tout ce qui se trouve entre les deux, c'est un véritable don d'une proportion cosmique d'être sur Terre en même temps que Howard Marks... et pour cela, je dis merci !

Je suis Shantibaba ; j'ai une passion pour la culture du cannabis et j'ai eu la chance de prendre de bonnes décisions dès mon jeune âge pour suivre cette passion. En chemin, j'ai rencontré des personnes bonnes, mauvaises et moins agréables, mais j'ai aussi croisé certaines des personnalités les plus exceptionnelles de notre époque. Non seulement j'ai eu la fortune de rencontrer beaucoup de ces personnalités, mais j'ai également eu le privilège et l'expertise de travailler avec la plupart des meilleurs de cette industrie, depuis ses débuts jusqu'à aujourd'hui… et je continue à aller de l'avant. Tout cela est en grande partie dû à ma collaboration avec Howard Marks au Mr. Nice Seed Bank et à CBD Crew… car Howard était le diplomate du cannabis le plus éloquent que notre industrie ait jamais connu !

Ma première rencontre avec Howard a eu lieu en 1996 lors de la High Times Cannabis Cup à Amsterdam. Je savais très peu de choses sur lui avant cela. Ce charmant et légèrement espiègle personnage est venu me voir après la cérémonie des prix et m'a proposé une bière, que j'ai acceptée. Nous avons commencé à discuter, et avec ses accents gallois apaisants et sa manière merveilleuse de s'exprimer, nous avons passé quelques heures ensemble à boire plusieurs bières et à fumer le gagnant de cette année-là, qui était un hommage à Denis Perone et à la Proposition 215, que nous appelions White Rhino, ou comme nous l'appelons aujourd'hui Medicine Man au Mr. Nice Seed Bank. Quelle coïncidence de commencer notre relation sur un hommage au MJ médical. Je me souviens qu'à un moment de la nuit, en riant comme des enfants, Howard m'a demandé directement s'il y avait une chance pour un vieux comme lui de travailler avec un jeune comme moi… même si j'étais australien ! Je me souviens lui avoir répondu, après qu'il m'ait expliqué qui il était et d'où il venait, que ce ne serait peut-être pas la chose la plus intelligente à faire, car je me croyais encore invisible… ou du moins, c'est ce que je pensais !

Au cours des années suivantes, notre connexion personnelle s'est transformée en une amitié très solide, et nous avons saisi toutes les occasions de nous retrouver et de nous amuser ensemble. Ses histoires ont renforcé mon engagement envers les véritables principes de l'école ancienne et envers ces personnages honorables qui n'ont jamais utilisé la violence ou les drogues dures pour suivre leur chemin. Ce qui nous a unis, c'est le fait que nous avions tous les deux fréquenté l'université et choisi une voie de vie en contradiction avec ce qu'on nous avait enseigné. Soyons honnêtes, Howard venait d'une ville minière au Pays de Galles, et moi de Melbourne en Australie… dans les deux pays, le cannabis est encore illégal, et personne ne grandit en rêvant de devenir un cultivateur ou un trafiquant de cannabis. Ces métiers sont encore considérés comme indésirables pour la plupart des gens aujourd'hui. Pourtant, c'est ce qui a scellé notre amitié.

Les choses ont évolué, et lorsque j'ai quitté les Pays-Bas après la HTCC de 1998 pour m'installer en Suisse en 1999, la dernière action que j'ai réalisée aux Pays-Bas a été d'enregistrer Mr. Nice Seedbank en tant qu'entreprise néerlandaise, à la demande de Howard. Nevil a été invité à rejoindre la société de semences et a produit 4 variétés pour Mr. Nice Seed Bank, tandis que j'en ai produit les 8 autres et supervisé la production des 12 premières variétés que nous proposions au début. Bien sûr, avec Nevil et moi, nous avions presque tous les outils nécessaires pour créer presque toutes les variétés, donc l'expansion de notre avenir ensemble allait être facile, surtout avec Howard à la barre en tant que porte-parole de l'entreprise. Pour moi, il était logique d'entrer en relation de travail avec Howard et Nevil, surtout à une époque où mes installations en Suisse étaient à la pointe de la technologie et automatisées.

Je me souviens qu'en 2001, Howard est venu me rendre visite au Tessin. Je l'ai emmené, ainsi qu'un ami, visiter l'une des fermes où nous avions 60 000 plants en culture : 20 000 à l'extérieur et 40 000 sous un système de serre sombre entièrement automatisé... un rêve devenu réalité ! Pendant que nous nous promenions, j'ai demandé à mon ami de se rendre aux portes de la serre pour filmer Howard et moi en train de marcher vers lui, en train de fumer un joint et de discuter de notre récolte. Pendant que mon ami prenait position, j'ai roulé un rapide spliff et l'ai passé à Howard, qui l'a allumé comme le professionnel qu'il était. C'était septembre, et les plants avaient déjà 6 semaines de floraison, ce qui faisait que nous marchions la tête dans une mer de cannabis sans horizon. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que le sol était un peu plus bas de ½ mètre au milieu des cultures, puisque tous les plants avaient atteint une hauteur uniforme. Ainsi, Howard et moi avons commencé à marcher, échangeant le spliff après 2 ou 3 bouffées. Mon ami filmait, et avant que nous ne nous en rendions compte, nous étions tous les deux complètement immergés dans les plants ; on ne voyait qu'une main qui émergeait pour prendre de l'air, ou du moins c'est ce que cela semblait, et une autre main qui se tendait pour saisir l'endroit incandescent, pour être engloutie à nouveau par les plants... cela a duré 40 mètres jusqu'à ce que nous émergions tels deux pingouins de l'eau, complètement défoncés, collants comme des abeilles et sentant le Critical Mass devant mon ami qui continuait à filmer. Nous avons tous éclaté de rire, et à ce jour, je garde ce segment dans ma collection privée pour le visionner quand je me sens un peu déprimé.

Howard et moi partions ensemble sur la route six ou sept fois par an pour participer à divers salons du cannabis qui nous invitaient. Au fil des décennies, Howard et moi avons accumulé beaucoup de bons amis dans l'industrie du cannabis, qui restent encore des amis précieux aujourd'hui. Les gens adoraient l'intégrité que Howard dégageait et les tonalités suaves de sa voix hypnotique, dont les mots semblaient masser votre cerveau à mesure qu'ils étaient entendus.

Howard touchait aussi bien les jeunes que les plus âgés, laissant tout le monde avec des sourires jusqu'aux oreilles et une joie éclatante sur le visage. Howard était contagieux, et j'ai été témoin de tant de versions folles et étranges de fans que je comprends maintenant ce que sont les stalkers ! Des femmes âgées venaient à notre stand en riant comme des fans des Beatles pour demander à Howard de signer leur poitrine. Des choses qui ne se produisent pas dans l'industrie du cannabis se sont passées avec Howard Marks, tout cela avec une diplomatie intelligente et douce, plaidant pour une consommation responsable de drogues. Qui aurait pu transformer cela en une carrière et devenir le Keith Richards du cannabis avec une telle grâce et un tel style, sinon Howard Marks ? Je le sais parce que j'étais là à ses côtés tout le temps.

Le secret de Howard et de ses méthodes à l'ancienne résidait dans son éthique de travail, semblable à celle d'Andy Warhol. Peu importe son état ou le nombre de jours sans sommeil, lorsqu'il y avait une performance, une réunion ou une exposition, il traitait son travail comme un évangile et était rigoureux quant à être juste envers ceux qui l'avaient réservé ainsi que nous. C'était un trait que je partage également, mais Howard était fanatique quant à ses responsabilités et veillait à ce que son spectacle corresponde au public qu'il devait adresser. J'ai été avec lui lors de lectures pour enfants au Greenwich Museum, de Cannabis Cups en Espagne, et de conférences médicales à Prague. Dans chacun de ces cas, il agissait en véritable professionnel, et son public lui rendait hommage par des ovations debout et des files d'attente pour des autographes s'étirant sur 50 mètres... tout cela pour ce garçon malicieux du cannabis. Parfois, le spectacle entier me rappelait une nouvelle religion ou philosophie que les gens adoptaient le jour où ils étaient touchés par le cannabis... Cannabis rendu disponible grâce à l'expertise de Howard. Rien que penser à la bouffée que vous avez prise faisait sourire les gens à l'idée que ce scélérat gallois avait réussi à l'introduire dans le pays pour que nous puissions continuer à en consommer. Comme Howard me le disait toujours, il ne faisait que satisfaire une demande, sans jamais la créer.

Howard a permis à la génération X (née entre 1960 et 1980), qui a grandi avec la consommation de drogues, de se sentir fière de ses expériences psychonautiques et de son nouvel état d'esprit dû à l'usage de drogues. Il a facilité la transition d'un diplômé universitaire logique et bien éduqué, avec des manières et une forte éthique, vers la quête de liberté et de l'inconnu, plutôt que la voie de la classe moyenne. Il nous a fait sentir bien de nous défoncer et d'en profiter, alors que d'autres de son âge prêchaient la fin de Sodome et Gomorrhe pour nous. Il participait à tout ce dont il parlait avec humour, sourire et une passion rarement visible comme la sienne. Sa présence apportait du bonheur aux gens.

Notre dernier projet ensemble, probablement le plus influent et le plus transformateur pour tous ceux qui y ont participé, a été la formation du CBD Crew : une collaboration entre Resin et Mr. Nice Seed Bank pour enrichir les variétés en CBD afin d'aider les utilisateurs médicaux à obtenir ce qu'ils ne pouvaient pas obtenir de leurs gouvernements ou pharmacies dans la plupart des pays du monde. Howard a pris le rôle de porte-parole de notre projet médical après que George Cervantes lui ait passé le relais en 2009. Le CBD Crew a grandi et aide de nombreux patients atteints de maladies allant de la sclérose en plaques au glaucome, et du cancer aux problèmes de thyroïde

Howard et moi avons pris le CBD Crew très au sérieux, car nous savons tous les deux que cela aide les gens, ayant personnellement vu des amis se rétablir grâce à ce type de cannabis. Cela nous a finalement montré que notre passion pour cette plante était justifiée, jusqu'à un point extrême ! La plante guérit les gens, ce que nous croyons tous les deux, tout en nous rendant meilleurs. C'a toujours été la prémisse sous-jacente de notre travail et de notre entreprise, et atteindre ce niveau dans nos vies a été une confirmation supplémentaire que notre partenariat avait un sens plus grand que nous-mêmes. Pour nous, 1 plus 1 égale 3, et nous n'avons jamais regardé en arrière, car nous savions simplement que nous avions raison, non par arrogance, mais grâce à notre expérience de toute une vie.

Howard a été mon meilleur ami et le partenaire de travail le plus productif que l'on puisse souhaiter. Sa parole était son engagement, et son emploi du temps énergique de travail annuel n'a jamais diminué. Il vivait sur la route et d'une valise perpétuelle, parcourant le monde tel un chaman des mots qu'il était. Il avait du temps pour tout le monde et faisait en sorte que chaque personne en contact avec lui se sente spéciale. Il était un individu unique, magnétique, poétique, et pourtant doté de besoins simples… presque messianique. Son intellect stimulait toute l'humanité et sa présence était apaisante. Tu vas me manquer, mon cher ami, car il n'y a personne d'autre comme toi.

Je rends hommage au regretté et grand Howard Marks… Repose en paix